Troisième trimestre 2024
Aperçu général
Le paysage financier mondial a connu des turbulences notables au début du mois d’août, marqué par un repli et une forte hausse de la volatilité des marchés. Selon BlackRock, nous naviguons dans un contexte économique post-pandémique sans précédent caractérisé par une inflation persistante, des taux d’intérêt plus élevés, une croissance tendancielle plus faible et une dette publique élevée. Cet environnement marque une nette divergence par rapport à la dernière décennie, où les banques centrales pouvaient s’appuyer sur une faible inflation pour soutenir les prix des actifs grâce à des politiques accommodantes. En revanche, le régime économique actuel met davantage l’accent sur l’économie réelle, avec des investissements importants consacrés aux infrastructures, aux systèmes énergétiques et à l’innovation technologique.
Le marché obligataire continue de s’ajuster à la hausse des taux. BlackRock souligne que le coussin de revenu offert par les obligations a augmenté et recommande des stratégies de revenu de qualité dans les obligations à court terme et le crédit,.
Dernier trimestre : pays par pays
BlackRock reste sous-pondéré sur les actions européennes, invoquant des inquiétudes concernant la croissance économique, malgré une certaine attractivité des valorisations et le soutien apporté par les baisses de taux de la Banque centrale européenne.
En Asie, le Japon reste un pays à part. BlackRock souligne les perspectives macroéconomiques stables du Japon, stimulées par une inflation modérée et un pouvoir de fixation des prix accru des entreprises. Avec des réformes favorables aux actionnaires et la probabilité que la Banque du Japon normalise progressivement sa politique, les actions japonaises sont de plus en plus attrayantes, ce qui justifie une surpondération. L’affaiblissement du yen présente toutefois des risques pour les investisseurs internationaux.
Les marchés émergents présentent un tableau mitigé. BlackRock est globalement neutre, notant une forte croissance dans des pays comme l’Inde et le Mexique, qui bénéficient de leur position intermédiaire dans le commerce mondial d’autant plus que la main-d’œuvre diminue dans les marchés développés comme l’Europe et la Chine. Cependant, les valorisations en Inde sont élevées, et la Chine continue de faire face à des défis structurels, notamment de faibles dépenses de consommation, une population vieillissante et des tensions géopolitiques.
L’intelligence artificielle au troisième trimestre
L’intelligence artificielle transforme l’économie mondiale à une échelle qui rappelle la révolution industrielle. BlackRock considère l’IA comme un facteur clé de rendement au cours des six à douze prochains mois, avec de grandes entreprises technologiques, telles que Microsoft et Apple, en tête. Leur capitalisation boursière combinée dépasse désormais l’ensemble des indices boursiers comme ceux du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Cela reflète l’optimisme des investisseurs à l’égard de l’IA, mais il existe des risques, notamment autour d’une éventuelle surévaluation. La voie future pourrait soit conduire à un boom de la productivité, soit voir une poignée de gagnants de l’IA être surévalués.
Steve Eisman fait écho à ce sentiment, suggérant que le potentiel de croissance à long terme de l’IA signifie que les investisseurs ne devraient pas être entièrement désinvestis, même si des risques de récession se présentent. Cependant, Aswath Damodaran met en garde contre une trop grande concentration dans l’IA, car la croissance rapide du secteur s’accompagne d’un risque de surextension. BlackRock reste fermement convaincu que l’IA continuera de créer des opportunités dans divers secteurs. BlackRock décrit deux scénarios dans lesquels les actions pourraient prospérer : l’un dirigé par un groupe concentré de gagnants de l’IA, même dans un environnement macroéconomique difficile, et l’autre où la croissance tirée par l’IA se traduit par des gains de productivité plus larges et de fortes baisses de taux.
FX
L’appréciation récente du yen, qui a dépassé 10 % par rapport au dollar américain entre juillet et début août, a mis en évidence la volatilité des marchés des changes. BlackRock estime que le dollar américain (USD) et le franc suisse (CHF) restent surévalués, tandis que le yen japonais (JPY) reste sous-évalué. Le modèle de taux de change d’équilibre (DEER) de DBS Bank le confirme, notant que l’inflation, la productivité et les écarts de termes de l’échange indiquent tous une sous-évaluation du yen.
Selon la NZZ, les exportateurs suisses ressentent l’impact de la force du franc suisse, et craignent de plus en plus que la force de la monnaie n’entrave la reprise économique. Swissmem, la plus grande association économique suisse, a appelé la Banque nationale suisse (BNS) à agir. Contrairement à 2011, la BNS dispose encore d’une certaine marge de manœuvre avec les taux d’intérêt pour freiner la demande pour le CHF.
Conséquences pour le marché des actions
Le marché boursier mondial reste polarisé, le secteur de l’IA se démarquant notamment. Aswath Damodaran cite Nvidia comme un excellent exemple de la rapidité avec laquelle les gagnants de l’IA peuvent émerger et être récompensés par les marchés. Cependant, les risques de concentration, en particulier parmi les valeurs technologiques du « Magnificent 7 », sont préoccupants. Marc Faber prédit un changement de leadership sur le marché, les actions de valeur prenant potentiellement le relais des actions de croissance, y compris les noms basés sur l’IA. Pour lui, le marché boursier américain pourrait connaître une réévaluation substantielle en raison de la déception des bénéfices économiques et des bénéfices des entreprises.
Hong Kong et la Chine restent sous-évaluées, selon Augur Labs. L’indice Hang Seng a récemment atteint un CAPE de 10, un niveau historiquement associé aux principaux creux du marché. Cela laisse entrevoir un potentiel de rebond, ce qui rend ces marchés attrayants pour les investisseurs à long terme.
Conviction et inspiration pour les investisseurs
Dans cet environnement volatil et en évolution rapide, la diversification reste la pierre angulaire de la stratégie d’investissement. Un portefeuille traditionnel 60/40 (60 % S&P 500, 40 % de bons du Trésor américain) a historiquement rapporté 8,5 % par an depuis 1926, selon Nir Kaissar de Bloomberg. Bien que ces portefeuilles puissent connaître de forts ralentissements, ils se sont constamment redressés et ont atteint de nouveaux sommets.
Pour BlackRock, les marchés privés, par exemple, offrent un accès à des entreprises prêtes à croître dans ce contexte de changement rapide, bien que la complexité de ces marchés puisse ne pas convenir à tous les investisseurs.
La surpondération des actions japonaises par BlackRock reflète sa forte conviction dans ce marché, où les réformes des entreprises et la stabilité des conditions macroéconomiques offrent des rendements attrayants. De son côté, Steve Eisman plaide en faveur des actions de valeur, notant les valorisations élevées aux États-Unis et en Inde, tandis qu’Aswath Damodaran nous rappelle les risques interconnectés sur les marchés mondiaux d’aujourd’hui.
Ray Dalio, quant à lui, a suggéré de privilégier l’or par rapport au bitcoin en tant que réserve de valeur en période d’incertitude, s’alignant sur sa vision plus large de la gestion des risques dans un monde sujet aux crises. DBS Bank maintient une surpondération des actions asiatiques (hors Japon) et s’attend à ce que l’Europe reste sous-pondérée par rapport aux États-Unis, au Japon et au Royaume-Uni.
Dans le secteur des marchés émergents, des pays comme l’Inde et l’Arabie saoudite présentent des opportunités à long terme dans un contexte de forces mondiales changeantes (même si les possibilités d’investissements en ETFs spécifiques restent onéreuses), tandis que le Japon se distingue des marchés développés par la transformation de ses entreprises sous l’effet de l’inflation.
Sur la base d’une approche valeur des devises et des marchés actions on privilégiera dans le cadre d’une constitution ou d’un rebalancement d’un portefeuille diversifié les actions asiatiques (hors Japon), le Japon ainsi que le Royaume-Uni pour ce trimestre.
Sources: - BlackRock Global Investment Outlook - Aswath Damodaran's equity and AI market analysis - Steve Eisman's views on AI and value investing - DBS Research on currency markets - Marc Faber's equity and market leadership shifts