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Que sont les produits structurés ?

En période de taux d’intérêt négatifs, les produits structurés attirent les investisseurs avec des rendements comparativement plus élevés. Mais il y a aussi la menace de pertes douloureuses.

Les investisseurs privés doivent-ils investir dans des produits structurés ? Voici un aperçu général applicable à tous avec des données clés sur le financement des produits structurés en Suisse.

L’attrait des produits structurés

L’environnement de taux bas, voir négatifs en Europe, encourage les investisseurs à rechercher d’autres solutions d’investissements. Certains prennent des positions spéculatives (comme Gamestop ou des Crypto-monnaies) et d’autres augmentent leur allocation en actions au-delà de ce qu’un portefeuille équilibré nécessiterait en temps normal.

Les produits structurés offrent une alternative aux actions, avec un coupon défini à l’avance et une exposition à un actif sous-jacent (généralement côté à la bourse). Par rapport au faible rendement des obligations, ces coupons semblent attractifs mais il est crucial pour l’investisseur de bien comprendre son mécanisme car les risques peuvent être conséquent par rapport à un investissement en obligation non lié à la bourse. En plus du coupon reçu, les avantages pour les investisseurs sont la possibilité de couvrir un secteur avec une seule transaction, un risque de perte limité pour ceux qui comprennent suffisamment ces produits et le choix pour l’investisseur de sélectionner les actifs sous-jacents – par exemple, les actions sur lesquelles les produits structurés sont basés.

La Suisse est le plus grand marché pour les produits structurés en Europe. Le chiffre d’affaires du premier semestre 2021 s’élève à CHF 175 Md, inférieur de 14% au chiffre d’affaires record de 2020. Le chiffre d’affaires est donc “revenu à la normale à un niveau élevé”, selon l’association professionnelle Swiss Structured Products Association (SSPA). Ce montant correspond à un peu moins de 3% des investissements en papier-valeurs et cette part est restée stable au cours des dernières années, puisqu’elle a augmenté dans une même proportion avec les marchés en plein essor. La bourse suisse SIX indique que près de 900’000 transactions on eut lieu en 2020 et que le nombre de transactions portant sur de petits montants de quelques milliers de francs a fortement augmenté, signe que les investisseurs particuliers sont de plus en plus intéressés à ce type d’investissements.

Les types principaux de produits structurés

Il existe différentes stratégies d’investissements en produits structurés, notamment en vue de tirer profit en cas de volatilité ou de baisse modérée des cours ou de parier de manière disproportionnée sur un boom des actions. Les principales approches sont les suivantes:

  • Les produits à barrières (BRC) offrent un coupon au client qui récupère son capital investi pour autant que le produit structuré ne tombe pas en dessous d’une certaine limite (barrière) pendant la durée du certificat. Les BRC restent les produits les plus populaires, et leur part du chiffre d’affaires total a même augmenté (représentant plus de la moitié (54%) de tous les produits structurés émis. La construction du BRC conduit l’investisseur à acheter l’action à un prix surévalué lorsque le cours baisse: En effet, l’investisseur vend une option de vente (put) et promet ainsi à l’acheteur de l’option d’acheter l’action à un certain prix (prix d’exercice) si le cours de la bourse tombe en dessous de cette valeur. L’investisseur est rémunéré pour ce risque par des intérêts sous la forme d’un coupon. Le succès des BRC pourrait être dû à la valorisation élevée et la volatilité limitée sur les marchés des actions puisque les produits barrières conviennent si les cours des actions ne font pas de grands bonds, c’est-à-dire qu’ils ne connaissent ni forte hausse, ni effondrement. Le coupon est plus important que le dividende, et grâce à la barrière, les baisses de prix modérées sont supportées sans dommage.
  • A côté des produits barrières, les produits à capital garanti offrent la possibilité de retrouver la partie protégée du capital (et non la totalité) que vous auriez investi, en ayant une exposition limitée à la bourse. Vous pouvez ainsi exclure une perte totale mais vous ne participerez qu’à une partie des gains en cas de hausse de prix.
  • A l’inverse, les produits à levier permettent d’exacerber les gains (mais aussi les pertes) des titres sous-jacents : Au cours du dernier trimestre, la volatilité n’a pas été élevée et le niveau de prix élevé s’est maintenu, ce qui se reflète dans le chiffre d’affaire modéré des produits à effet de levier.

Les risques des produits structurés

En plus du risque de marché, les risques de faillites et de défaillance de l’émetteur doivent être considérés. Ceux-ci se sont matérialisés en pertes en 2008 pour les investisseurs en produits structuré émis par Lehman Brothers: De nombreux investisseurs avaient acheté un produit avec un coupon comme substitut aux obligations ou au cash. La faillite de l’émetteur a fait perdre pratiquement toute leur valeur à ces produits, sans possibilité aux investisseurs de récupérer une partie minime de leur mise avant plusieurs années. Aujourd’hui, beaucoup d’émetteurs passent par la bourse pour assurer le règlement (settlement) et limiter ce risque d’émetteur. Dans un autre exemple plus récent, les actions volatiles telles que Wirecard dans un produit à barrières ont dans un premier temps permis des coupons très attractifs. Cependant, cette volatilité augmente également le risque que la barrière soit franchie. Ainsi, peu avant le dépôt de bilan de Wirecard, la Suisse comptait plus de 150 produits à barrière utilisant les actions de la société allemande comme sous-jacent. Avec le franchissement de cette barrière, les détenteurs de ces certificats ont reçu les actions Wirecard (sans valeur) à la fin de l’opération.

Mise en garde pour les investisseurs privés

En période de taux d’intérêt négatifs, les produits structurés attirent ainsi les investisseurs avec des rendements comparativement plus élevés. Mais il y a aussi la menace de pertes douloureuses, qui peuvent en général être contenues en réduisant le niveau de coupons, en prenant un indice comme sous-jacent et en ne sélectionnant pas des titres trop volatils ou risqués. De toute manière, au vu de ses particularités et de ses coûts élevés, un produit structuré doit tout au plus être considéré comme un complément à un portefeuille global et certainement pas comme un investissement de base même si les coupons semblent constituer un dépôt intéressant.

Une des règles de base pour investir de l’argent s’applique particulièrement aux produits structurés qui sont des investissements relativement complexes: N’achetez que ce que vous comprenez, considérez l’ampleur des risques (et des pertes potentielles) que vos prendrez et lisez les conditions (y compris les petits caractères).

Par rapport à des stratégies d’options (naked put ou covered calls – pour les investisseurs avancés) effectuées auprès d’un broker à bas coût (tels que Interactive Brokers ou Degiro), les frais d’un produit structuré sont conséquents. Le profil de rendement-risque est ainsi moins favorable et ne peut pas être particulièrement recommandé dans ce site qui met en avant uniquement les meilleures constituants possibles d’un portefeuille équilibré.

Source: Communiqué de presse, Swiss Structured Products Association (SSPA), 5.8.2021