Investir dans les actions chinoises a toujours été un casse-tête pour les investisseurs étrangers : D’une part, nous ne pouvons ignorer l’importance croissante de la Chine dans l’économie mondiale. D’autre part, les actions chinoises présentent différents problèmes. Cet article traite d’abord de ces risques, puis des différentes façons de d’appréhender les actions chinoises.
Problèmes liés à l’investissement en Chine
- La croissance du PIB n’est pas synonyme de croissance du marché boursier : l’éternelle déception des investisseurs particuliers étrangers en Chine concerne le retard ou la divergence de la performance du marché boursier par rapport à la croissance du PIB. En raison de l’influence de l’État sur les segments clés de l’économie chinoise, les investisseurs étrangers risquent de ne pas obtenir leur part équitable de cette croissance. Les entreprises existantes vendent également des actions supplémentaires, ce qui dilue les bénéfices des actions. Cette dilution des actions est particulièrement élevée en Asie, ce qui réduit le bénéfice par action lorsque l’entreprise cesse de croître.
- Manque de maturité des marchés boursiers : le marché n’est pas du tout efficace et peu transparent pour les investisseurs étrangers. Les médias rapportent aussi fréquemment des manipulations du marché par le gouvernement et des individus puissants. Des petits investisseurs traditionnellement passifs (tels que certains Bogleheads) envisagent même la gestion active en raison de l’inefficacité des marchés boursiers chinois.
- Faible protection des investisseurs privés : L’omniprésence de l’État chinois augmente également le risque politique des investissements en Chine avec la menace d’expropriation indirecte. L’interdépendance et la réciprocité des investisseurs et des gouvernements chinois détenant des actifs aux États-Unis (la Chine est juste derrière le Japon parmi les détenteurs étrangers de la dette américaine), en Europe et en Suisse n’atténue que partiellement ce problème. En outre, les systèmes judiciaires et les protections des actionnaires ne sont pas forcément favorables aux petits investisseurs étrangers.
Options pour s’exposer à la Chine
Suivi des indices actuels (marchés émergents)
Tous ceux qui ont investi passivement dans un fonds indiciel des marchés émergents ces dernières années (en utilisant les indices MSCI ou FTSE) ont automatiquement ajouté une exposition accrue à la Chine dans leurs portefeuilles, car ces indices se reconstituent progressivement pour inclure davantage d’actions A (cotée aux bourses de Chine continentale) dans leur composition.
- Les ETF iShares basés sur le MSCI Emerging Markets (tels que IEMG) ont actuellement une exposition de 33,9% pour la Chine continentale et 14,8% pour Taïwan, ce qui conduit à une allocation légèrement inférieure à 50% pour la Chine. Le MSCI EM a commencé à inclure les actions chinoises A dans l’indice MSCI Emerging Markets en 2018 et leur part avait augmenté à 20 % avec l’inclusion des actions chinoises A de moyenne capitalisation en 2019.
- Vanguard VWO suit l’indice FTSE et a un poids plus important en actions chinoises (Chine continentale à 37,5 % et Taïwan à 18,4 %). Si vous recherchez une plus grande exposition aux actions chinoises à l’avenir, vous préférerez alors l’indice FTSE suivi par Vanguard. La Chine continentale représente actuellement plus de 40 % de l’indice Vanguard Emerging Markets Stock Index et, avec l’ajout d’actions A continentales dans les années à venir, elle représentera bientôt plus de 50 % de l’indice. Il s’agit déjà d’une exposition importante à la Chine, à côté de la plus faible allocation à la Chine des indices suivnat les pays développés.
Cette évolution va se poursuivre car les indices de référence pour le monde et les marchés émergents ajouteront du poids à la Chine. À moins d’événements imprévus importants, l’exposition à ces indices constituera une expansion naturelle de la part de votre portefeuille en investissements chinois dans la Chine.
Investissements actifs
En raison du manque de transparence, certains investisseurs passifs envisagent une gestion active pour la Chine. Il reste difficile d’évaluer si cette approche peut battre une approche passive après frais. Il est particulièrement difficile de naviguer dans les eaux des subtilités politiques, surtout lorsque les actions disponibles au public ne sont pas dans des segments stratégiques qui restent sous l’influence de l’État.
Si un investisseur souhaite augmenter son exposition, il pourrait envisager d’investir dans un fonds comme le MSCI China ETF d’iShares, mais le TER à 0,59% est beaucoup plus élevé que son cousin diversifié EM (MSCI Emerging Markets). Les options actives sont également trop chères à 1,15 % (par exemple, le Matthews China Dividend Fund).
Exposition indirecte à la Chine
L’une des meilleures façons de s’exposer à la croissance chinoise est d’investir dans des entreprises étrangères qui profitent de la croissance de la Chine, notamment par le biais de marques haut de gamme ou de segments où la classe moyenne chinoise en pleine expansion dépense.
Tout fonds diversifié des marchés développés a donc une exposition indirecte partielle à la Chine et nous ne pensons pas qu’il est nécessaire de rajouter des paris directionnels de gestion active ou d’ETF spécifiques à un segment.
Comment l’investisseur particulier peut-il investir en Chine ?
De nombreux investisseurs américains (comme William J. Bernstein) recommandent de limiter leurs investissements globaux dans les marchés émergents à 5-10%. Malgré les risques, nous pensons, comme Burton Malkiel, que la valorisation actuelle et les perspectives d’avenir des marchés émergents par rapport aux grandes capitalisations américaines et des marchés développés appellent une allocation plus élevée (peut-être un tiers, voire plus si vous êtes jeune ou si vous disposez d’éléments stabilisateurs dans votre portefeuille).
D’autres préconisent de ne s’intéresser qu’aux sociétés de renom (comme Alibaba et Tencent) : ce sont des entreprises solides mais nous avons vu en 2021 comment l’État chinois est tenté de s’approprier sa part du succès de ces entreprises. Si ces grands noms réduisent les risques de traitement inéquitable des investisseurs particuliers, comme cela pourrait être le cas avec la sélection de titres de petites capitalisations, ils exposent toujours l’investisseur à des risques de concentration.
Il convient d’envisager la surpondération de la Chine (et des marchés émergents) avec prudence, car leur économie en pleine croissance peut profiter à l’État et aux particuliers fortunés sans que les investisseurs étrangers bénéficient de la part équitable disponible dans les États plus libéraux. Par conséquent, malgré les risques politiques et de gouvernance d’entreprise dont vous devez être conscient, ainsi que l’absence d’accès aux segments stratégiques de l’économie chinoise, une option appropriée (même si elle est loin d’être parfaite) reste un investissement largement diversifié dans les marchés émergents. Un indice plus large permet d’avoir une exposition significative aux sociétés chinoises (sociétés de renom) cotées à l’étranger et en Chine (actions A).