La santé de l’économie américaine a un impact primordial sur la prospérité des investisseurs internationaux puisque la capitalisation boursière des entreprises basées aux Etats-Unis est prépondérante (souvent plus de 50% des indices mondiaux). La récente croissance des actions américaines, en particulier dans les domaines technologiques, a accentué ce problème avec un niveau élevé de prix des actions américaines, affichant pour beaucoup un P/E au-dessus de 30.
Voici un rapide inventaire des signaux et des indicateurs à observer pour tenter d’éviter des mauvaises surprises et pour ne pas investir au niveau maximum des marchés américains:
Arguments pour la continuation d’un marché américain haussier à moyen terme:
- La Fed a promis de maintenir des taux d’intérêt bas pendant des années et de continuer à acheter des obligations en dollars;
- Il semble qu’une économie fonctionnelle pourrait prévaloir pour les prochaines années aux Etats-Unis et la Fed entend maintenir une politique monétaire accommodante afin de soutenir ses entreprises et ses marchés;
- Les dépenses inférieures au revenu disponible durant la pandémie pourraient permettre une hausse de la consommation après la crise.
Facteurs pouvant déclencher un marché baissier:
- Le plus grand risque pour le prix élevé des actifs est la possibilité d’une hausse supplémentaire des taux d’intérêt comme durant ces derniers mois;
- La Fed peut maintenir les taux d’intérêt à un niveau bas et emprunter des sommes illimitées pendant les années à venir, mais pas indéfiniment;
- Des freins aux échanges internationaux, en particulier dans les relations des États-Unis avec la Chine, pourraient limiter la croissance;
- Il est peu probable que les clivages sociaux et le taux de chômage aux Etats-Unis se résorbent de sitôt;
- L’indicateur fétiche de Warren Buffett (le rapport entre la capitalisation totale du marché des actions et le PIB) est bien au-dessus des normes précédentes; l’indicateur P/E se trouve également à un haut niveau;
- On constate des comportements excessifs sur les marchés boursiers avec l’utilisation non-maitrisée de dérivés et d’effet de levier par des acteurs peu expérimentés.
Il semble donc que les points positifs dominent à court- et moyen-terme, mais que les facteurs problématiques soient profonds et puissent se matérialiser à plus long-terme, notamment si les attentes sur les valeurs technologiques ne se matérialisaient pas ou en cas d’une hausse des taux d’intérêt. Malgré ce niveau de prix élevé, on ne peut pas exclure que les cours boursiers ne continuent pas de s’apprécier durant cette année, même aux Etats-Unis. Une continuation de rendements élevés après inflation à plus long-terme semble par contre difficilement envisageable. La prudence est donc de mise et personnellement, je vais significativement sous-pondérer les marchés américains dans mes investissements de ces prochains mois.