Dans un article précédent, nous avons vu que le modèle des fonds de dotation a obtenu de mauvais résultats au cours de la dernière décennie, en raison de l’accent mis sur les investissements alternatifs coûteux et les trop nombreux gestionnaires d’actifs utilisés.
Les investisseurs institutionnels et les investisseurs privés désireux de reproduire en partie cette stratégie doivent se concentrer sur ces aspects de coûts et d’externalisation, car ils peuvent les influencer grâce une analyse des coûts et une diminution du nombre de gestionnaires employés.
D’autres facteurs sont moins prévisibles, comme les rendements relatifs des investissements alternatifs par rapport à ceux du marché boursier : La mauvaise performance relative des investissements alternatifs et des fonds de dotation ces derniers temps est due à leur propre performance décevante mais aussi aux résultats exceptionnels des marchés boursiers. En fait, les actifs alternatifs souffrent de la comparaison aux rendements élevés des actions publiques (et des obligations) parce que la stratégie à faible beta n’a pas été fructueuse au cours de cette période en raison des rendements élevés du marché global.
Toutefois, un revirement est possible et les investissements alternatifs (capital-risque, fonds spéculatifs, dette à haut risque, infrastructures, ressources naturelles/matières premières) pourraient afficher de meilleures performances que les investissements traditionnels dans les années à venir.
Les perspectives à long terme pour le fonds de dotation semblent plus favorables grâce à ses contraintes limitées, son très long horizon de temps et des attentes moins positives pour les actions et les obligations. Les actions ont une valorisation élevée et il y a surtout un risque de baisse sur les marchés obligataires. Plusieurs observateurs du marché n’attendent pas grand-chose des actions et des obligations au cours de la prochaine décennie en raison de la très forte valorisation actuelle des actions, notamment aux États-Unis. Au niveau actuel, une forte croissance des bénéfices dans un environnement à faible taux d’intérêt serait une condition préalable à la poursuite de la croissance. Sinon, les investissements alternatifs pourraient offrir des rendements supérieurs, mais leur manque de transparence et leurs coûts n’en font pas des instruments privilégiés pour les investisseurs individuels.
Il existe des imperfections du marché et il est théoriquement possible (par exemple, grâce à une infrastructure de négociation supérieure) de les exploiter. Mais les gestionnaires d’actifs capables de profiter de ces opportunités de manière cohérente sont difficiles à sélectionner et l’investisseur privé doit être particulièrement prudent. En outre, il existe peu d’équivalents passifs dans le domaine des investissements alternatifs, ce qui rend difficile le contrôle des coûts.
En conclusion, si vous êtes confiant dans votre sélection d’investissements alternatifs, vous pouvez toujours détenir un noyau passif et limiter les opportunités d’investissement supplémentaires en nombre et en volume (quelques paris sélectionnés qui ne vous ruineront pas). En outre, si vous envisagez un horizon temporel très long, par exemple pour laisser un héritage, une application partielle du modèle de dotation peut être envisagée, mais les coûts élevés de la gestion active et les coûts supplémentaires des investissements alternatifs rendent improbable un maintien perpétuel de la valeur des actifs. Dans l’ensemble, une approche totalement ou, du moins partiellement, passive a produit les meilleurs rendements au cours de la dernière décennie et devrait rester la meilleure stratégie d’investissement à l’avenir pour les investisseurs individuels.
Sources: Strategic Asset Allocation for Endowment Funds, The Journal of Portfolio Management, Volume 47, Issue 5, 2021, Kathleen E. Jacobs and Adam Kobor Failure of the Endowment Model The Journal of Portfolio Management, Volume 47, Issue 5, 2021, Richard M. Ennis Don’t Give Up the Ship: The Future of the Endowment Model Failure of the Endowment Model, The Journal of Portfolio Management, Volume 47, Issue 5, 2021, Richard M. Ennis