Chacun utilise différents systèmes de paiements qui permettent nos achats et notre consommation. Cependant, tant pour les consommateurs que pour les commerçants, les paiements ont souvent une tarification mal connue du grand public et peu transparente au niveau des intermédiaires.
La nature maladroite des systèmes de paiement est une grande faiblesse de la finance moderne et le marché des solutions de paiement est en plein bouleversement avec des innovations prometteuses. En même temps, les consommateurs peuvent s’inquiéter que les systèmes de paiement deviennent moins privés à mesure qu’ils se numérisent et que des intermédiaires s’ajoutent. Le manque de transparence est un problème puisque des intermédiaires peuvent facturer des frais importants aux commerçants, qui les répercutent eux-mêmes ensuite aux consommateurs. Ainsi, le paiement par carte (Maestro, Postcard, Visa, Mastercard) et par application (Twint) n’est pas gratuit, malgré les apparences!
En effet, les frais encourus par les commerçants et les fournisseurs de services sont en augmentation constante. Alors qu’avec les premiers terminaux de cartes, les transactions étaient encore gratuites, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ainsi, certains commerçants, en particulier les petits, vont probablement devoir ajouter les frais ponctionnés à leurs prix, à moins de réduire encore leurs marges. En conséquence, les consommateurs devront dans certains cas payer les frais des banques qui auront été répercutés.
Après une revue des grandes tendances en début d’article, nous nous intéresserons à la situation en Suisse et examinerons les effets des changements de moyens de paiement sur l’écosystème des commerçants et les meilleures options pour les consommateurs individuels et leurs finances.
Tendances internationales à long terme
Tout porte à croire que le bouleversement du marché des services de paiement va se poursuivre. Le nombre de terminaux de paiement devrait diminuer et ceux-ci pourraient même finir par disparaître, si on part du principe que les clients vont payer de plus en plus avec leur téléphone portable. Les cartes physiques pourraient également ne plus exister sous leur forme actuelle à plus long terme. À l’avenir, les clients pourraient payer exclusivement par téléphone portable au moyen d’autres wearables avec des applications correspondantes (top to phone) ou avec un NIP à saisir directement sur un téléphone mobile normal ou une tablette (pin to glass).
L’arrivée de sociétés de fintech et de grandes entreprises technologiques (Facebook Pay, Google Pay ou Amazon Pay) dans le secteur des paiements sont également à suivre de près, tout comme les fournisseurs chinois tels que Wechat et Alipay qui offrent une variété de services supplémentaires. En outre, les approches biométriques de paiement sont en hausse dans certaines régions. Dans les pays scandinaves, la société Nets a déjà testé les paiements via le scan du visage ou la structure veineuse du doigt. Enfin, les crypto-monnaies, les stablecoins et les monnaies numériques émises par les banques centrales sont également susceptibles d’apporter de nouveaux changements sur le marché. Pour l’instant, les innovations liées à la blockchain n’ont cependant pas débouché sur des moyens de paiements efficaces et largement acceptés.
Dans certains pays, des instruments de paiement alternatifs tels que les comptes à valeur stockée en ligne, les cartes prépayées, les paiements bancaires en ligne et la facturation électronique sont développés par des fournisseurs non bancaires et sont progressivement adoptés. En Suisse, les banques restent généralement à l’avant-garde de l’écosystème des paiements, grâce à l’émission de cartes et à un accès direct aux infrastructures et prestataires de paiement.
Qui sont les prestataires de services de paiement en Suisse?
Le marché des solutions de paiement est en constante mutation, en Suisse également. La numérisation modifie le commerce de détail ainsi que le marché des paiements, et de nouvelles offres arrivent constamment sur le marché. Cela a un impact sur les sociétés qui veillent à ce que les transactions par carte soient autorisées et traitées pour les commerçants. Ces entreprises d’infrastructure de paiement sont appelées acquéreurs ou acquirers (dans le marché dit de l’acquisition).
Ces acteurs clés donnent au commerçant une promesse de paiement sur la base d’une transaction autorisée et gèrent le risque financier correspondant. Ils contrôlent également les commerçants, luttent contre la fraude et veillent à ce que les transactions soient conformes aux exigences réglementaires.
Deux acteurs dominent le marché, mais la concurrence s’intensifie parmi les acquéreurs en Suisse également. Le numéro un incontesté en Suisse est Worldline. Worldline est également le leader européen dans le secteur des paiements et des services transactionnels. Admis au sein de l’indice phare français CAC 40 en 2020, il a acquis SIX Payment Services en 2018, une ancienne division du fournisseur d’infrastructure financière SIX offrant ses services à plus de 200 000 commerçants. L’actionnariat du Groupe Worldline est flottant à 84,3% et SIX Group AG en détient une participation minoritaire mais significative de 10,7%. SIX Group appartient lui-même à 121 institutions financières nationales et internationales, qui sont également les principaux utilisateurs de ses services. Nets, le deuxième plus grand fournisseur sur le marché, vient ensuite.
Même si la domination de l’ancien duopole (Worldline et Nets) s’amenuise, Worldline détiendrait toujours une part de 70% à 75% des activités d’acquisition en Suisse. Nets détient une grande part du marché restant. Derrière Worldline et Nets, PostFinance et Twint sont également largement utilisés comme solutions nationales. Ces dernières années, de nouveaux prestataires se sont fait un nom sur le marché de l’acquisition en Suisse. Il s’agit notamment d’Adyen, de Be-Cash et du plus important, Sumup, qui promettent d’accélérer l’innovation dans ce secteur.
Les paiements mobiles
Le nombre actuel de transactions de paiement mobile, y compris Twint, Apple Pay, Samsung Pay, PayPal et autres fournisseurs, a déjà atteint une importance respectable avec une part de marché estimée entre-temps à 5% de toutes les transactions.
Sur la base de son enquête d’octobre 2021 (voir sources), des chiffres de Twint et d’autres acteurs importants du marché, la Haute École de Lucerne estime les parts de marché des différentes applications de paiement comme suit: 75% pour Twint, 10% pour PayPal et 15% pour les autres fournisseurs tels que Apple, Samsung et Google Pay.
En collaboration avec diverses banques suisses (UBS, Credit Suisse, PostFinance, Banque Cantonale de Zurich, Raiffeisen et la Banque Cantonale Vaudoise), SIX a lancé et mis en place cette solution de paiement mobile. Twint a vu une augmentation rapide de la demande provoquée par le confinement en 2020. Durant la pandémie, de nombreuses banques (qui détiennent Twint) ont fortement fait la promotion de l’application, en déconseillant aux consommateurs d’utiliser l’argent liquide, non hygiénique. Aujourd’hui, environ 3,5 millions de personnes en Suisse utilisent l’application Twint alors qu’elles n’étaient que 850 000 à l’été 2018.
L’application reste le plus souvent utilisée pour transférer de l’argent à d’autres personnes (amis et proches) et c’est aujourd’hui incontestablement l’application de paiement numéro un utilisée en Suisse. Elle peut être utilisée avec pratiquement toutes les grandes institutions financières: UBS. PostFinance, Raiffeisen, Credit Suisse et les banques cantonales. Les possibilités de paiement sont tout aussi variées puisque Twint est accepté par les parcmètres ainsi que par les boutiques en ligne, les magasins d’applications et de nombreuses petites entreprises, en Suisse uniquement.
Malgré les apparences, les applications sont loin d’être gratuites. Ainsi, en 2020, 46 millions de francs de frais ont été encourus rien que pour Twint. Dans certains cas, les grands détaillants se sont battus pour obtenir de meilleures conditions: la boutique en ligne Digitec-Galaxus (Migros) avait d’abord cessé d’accepter Twint comme moyen de paiement en mars 2020, les frais étant trop élevés. Depuis, Twint et Digitec-Galaxus ont convenu d’une baisse des frais.
Les grandes chaînes ont ainsi de quoi faire pression sur les prestataires de services de paiement et savent bien optimiser leur gestion entre les transactions de leur client qui payent par carte ou en liquide (qui ont également un coût). À côté, il y a les petits détaillants qui ne peuvent pas négocier avec Twint, mais qui pourraient bénéficier d’autres offres, notamment avec SumUp, qui prend un pourcentage fixe mais élevé (p. ex. 1,75%), sans abonnement ni engagement minimum.
En attendant, contrairement à d’autres pays comme la Chine, les services de paiements sur téléphones portables comme Twint restent donc très onéreux pour les commerçants en Suisse et nécessitent un accès constant au réseau de téléphonie. Ils ne peuvent aujourd’hui pas représenter une alternative valable aux cartes à moins d’une refonte en profondeur de l’infrastructure des communications et de leur tarification.
Nouvelles cartes de débit
Une autre tendance dans le royaume des paiements indique que les banques font de plus en plus la promotion des nouvelles cartes de débit VISA et Mastercard. Chaque banque décide en effet elle-même du type de cartes qu’elle émet en coopération avec les sociétés exploitantes de cartes Mastercard et Visa. Ces nouvelles cartes portent le symbole « débit » et ont désormais des numéros à 16 chiffres (contre 19 chiffres pour les anciennes cartes de débit). Ainsi, lorsque le symbole Mastercard ou Visa est affiché, le paiement sur les boutiques en ligne peut être effectué aussi bien avec une carte de débit qu’avec une carte de crédit, dans le monde entier, et avec l’option sans contact.
Ces nouvelles cartes de débit peuvent faire tout ce que les cartes Maestro font actuellement et plus encore, malgré des frais supérieurs à la carte Maestro pour les commerçants. Comme avec Maestro et V PAY, il est possible de retirer de l’argent liquide à tous les distributeurs automatiques (bancomats) et d’effectuer des paiements sans espèce. De plus, ces nouvelles cartes de débit simplifient aussi les achats sur internet ou sur smartphone. Elles peuvent également permettre de payer via un smartphone (associées à Apple Pay par exemple), une montre intelligente ou une tablette.
En résumé, ces nouvelles cartes de débit offrent une maîtrise des coûts pour l’utilisateur (grâce au débit direct du compte) combinée à la possibilité de payer en ligne ainsi qu’à une utilisation possible dans le monde entier. Le revers de la médaille: une tarification moins avantageuse pour les commerçants que les anciennes cartes de débit.
Tarification des nouvelles cartes de débit
Même si c’est un peu technique, il est intéressant de se pencher sur les frais de transaction facturés aux commerçants pour Debit Mastercard et Visa Debit. Ceux-ci se composent des éléments suivants :
- Frais de système de carte: frais de transaction facturés par l’acquéreur (p. ex. Worldline) et payés aux sociétés exploitantes de cartes Visa et Mastercard, qui déterminent ces frais;
- Frais d’acquisition: frais de service correspondant aux prestations fournies par les acquéreurs (Worldline ou Nets), qui déterminent ces frais;
- Commission d’interchange: frais appliqués à chaque transaction dépendant de la carte, facturés par l’acquéreur et payés aux émetteurs de cartes (banques). Les montants (frais fixe ou pourcentage) sont déterminés par les sociétés exploitantes de cartes Visa et Mastercard.
L’objectif de ces commissions d’interchange est surtout d’inciter les émetteurs des cartes de paiement à distribuer les nouvelles cartes de débit. Ces Interchange fees sont généralement peu connues du grand public, car elles sont payées par les acquéreurs (p. ex. Worldline) aux émetteurs, c’est-à-dire aux banques. Au final, l’acquéreur répercute ces frais sur ses clients (les commerçants). Sur la base d’un règlement convenu entre le secteur suisse des cartes de crédit et la Commission de la concurrence (COMCO), la commission d’interchange moyenne pour les transactions nationales avait déjà pu être limitée à une moyenne de 0,44% du montant. De plus, pour contrer toute nouvelle augmentation exagérée des tarifs sur les paiements à gros volume, la Surveillance des prix a conclu un accord avec Worldline après analyse du nouveau modèle tarifaire introduit en début d’année 2021 pour les cartes de débit de VISA (VPAY et Visa Débit: 0,10 CHF + 0,95% par transaction) et Debit Mastercard (CHF 0,10 + 0,49% par opération). Ainsi, les frais ont été plafonnés à 2 CHF pour la Debit Mastercard et 3,50 CHF pour les cartes Visa Debit et VPAY pour chaque transaction. Cela permet, par exemple, de protéger les commerçants qui vendent des biens plus coûteux comme les appareils électroménagers contre des frais excessifs.
Pour les transactions avec Maestro, il n’y a actuellement pas de commission d’interchange (frais payés aux émetteurs de cartes) à l’intérieur de la Suisse, et vous noterez que la commission d’interchange est plus élevée pour les transactions avec Visa Debit que celle pour les paiements effectués avec Debit Mastercard.
On constate donc que la Maestro est peu attractive pour les émetteurs de cartes qui ne perçoivent pas cette commission d’interchange. Ceux-ci renoncent de plus en plus à la proposer en faveur de la nouvelle version qui elle génère des commissions d’interchange au regret des commerçants qui la plébiscitaient.
Cartes de débit ou de crédit?
Les nouvelles cartes de débit se caractérisent toujours par le débit immédiat du montant sur le compte alors que pour une carte de crédit, le montant est débité du compte ultérieurement.
Les nouvelles cartes de débit offrent les mêmes possibilités d’utilisation que les cartes de crédit puisqu’elle permettent à leurs titulaires d’effectuer des achats et des réservations en ligne. Cependant, la banque émettrice de la carte n’accorde pas de crédit et les transactions effectuées sont immédiatement débitées du compte du titulaire de la carte.
Les cartes de débits sont plus avantageuses pour les commerçants qui les acceptent plus généralement et sans surcoût pour le consommateur. Toutefois, ces cartes n’offrent pas les programmes d’assurance et de bonus complémentaires associés aux cartes de crédit comme les cartes avec remise en espèce (remboursement d’un petit pourcentage de tout ce que vous dépensez) ou des cartes de récompense (points qui peuvent être échangés contre d’autres services d’hôtel, des vols ou des rabais aux supermarchés).
La solution Zak: une carte de débit avec un compte gratuit
Au vu du caractère onéreux de Twint et des cartes de crédit, ainsi que de la disparition progressive de la carte Maestro, la carte de débit (gratuite) et le compte gratuit Zak sont un bon compromis pour ceux qui veulent limiter leurs frais bancaires (puisque les banques profitent déjà à plusieurs niveaux dans la tenue de comptes mais aussi lors des paiements), de même que pour les commerçants qui souhaitent se ménager. Notez seulement qu’un compte Zak ne peut être ouvert qu’avec un domicile en Suisse.
Chez Guide Finances, nous ne jouons pas avec notre argent au moyen de nouveaux gadgets ou d’idées de laboratoires, mais recherchons pour nous et nos lecteurs un nombre limité d’offres sélectionnées avec un haut niveau de sécurité et au meilleur rapport qualité-prix. Si vous êtes également convaincu par Zak (voir article détaillé ici), vous trouverez ici une offre spéciale en collaboration avec la Banque Cler. Vous pourrez profiter d’une offre cadeau de 50 CHF et vous soutiendrez par la même occasion la production de matériel d’éducation financière en français accessible à tous en Suisse.
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Quel mix de paiement utiliser en pratique?
En réalité, la plupart des petites entreprises préfèrent le cash mais ce mode de paiement n’est souvent pas pratique. Parmi les modes de paiement sans espèces, les cartes Maestro et PostFinance sont généralement celles qui occasionnent le moins de frais (pas de commission d’interchange). Elles sont suivies par les cartes V-Pay et les nouvelles cartes de débit de Mastercard et Visa, tandis que Twint et les cartes de crédit sont les plus chères pour les commerçants. Amex a la réputation d’exiger des frais particulièrement élevés, ce qui lui permet de reverser 1% (voir l’offre Cashback de Swisscards). Amex est très attractif pour les utilisateurs mais de nombreux commerçants la refusent encore.
Pour le consommateur, le paiement par carte de crédit vaut souvent la peine grâce au système de cashback et de récompense, mais certains commerçants majorent leurs prix en cas de paiements par carte de crédit. D’un point de vue systémique, un paiement par Maestro ou par d’autres moyens de paiement devrait être préféré à Twint afin de soulager les petits commerçants et de limiter la hausse potentielle de prix, causée par une utilisation encore plus généralisée de Twint. Twint, comme les espèces, pourrait être utilisé comme solution d’urgence ou pour les paiements entre particulier, mais il faut éviter une utilisation généralisée dans les petits commerces.
En résumé, si vous privilégiez les paiements sans espèces, vous pouvez considérer les moyens suivants:
- Carte Maestro, avec le désavantage qu’elle se trouve en déperdition et qu’elle est offerte par des banques qui exigent des frais liés à un compte;
- Carte PostFinance, qui requiert également l’ouverture d’un compte payant auprès de l’institut (min. 60 CHF de frais annuels);
- Ainsi, les nouvelles cartes de débit (Debit Mastercard et Visa Debit) semblent donc préférables dans le cadre d’offres bancaires gratuites.
L’utilisation de cartes de crédit semble intéressante en vue de bénéficier du cashback et des récompenses, lorsque c’est possible, combinée à une nouvelle carte de débit (gratuite en ouvrant un compte gratuit sur Zak avec le code GUID50) dont l’utilisation est largement répandue pour les autres achats en Suisse. Certains peuvent aussi aider les petits commerçants auprès de qui ils achètent régulièrement, et bénéficier de petites ristournes ou de remises de quantité en utilisant les moyens de paiements promus dans leur commerce: vous constaterez alors que les négociants n’encouragent pas l’utilisation de Twint ou de cartes de crédit!
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Sources: Aktuell Bargeldlos einkaufen Twint & Co.: Am Ende zahlt der Konsument die Gebühren, 1.9.2021, www.saldo.ch Bezahlen per Handy, Gesichts-Scan oder mit der Venenstruktur, 27.09.2021, Neue Zürcher Zeitung Schweizer Banken können auch digital, 17.10.2021, HSLU, SonntagsZeitung Schweizer Digitaltag, 04.11.2021, www.digitaltage.swiss https://blog.preisueberwacher.ch «Gier hat Rolle des Schrittmachers», 16.10.2021, Finanz und Wirtschaft